Au cours de la deuxième semaine de février 2021, on a enregistré au total 466 cas de COVID-19 au Cambodge, 443 guérisons et 0 décès. Le Cambodge gère bien la pandémie de COVID-19 par rapport aux superpuissances mondiales. Cette réussite peut être comparée à celle du Royaume-Uni, qui a enregistré un total de 3 817 176 cas, 106 158 décès et prévoit de rester en confinement jusqu’à la mi-février. On peut également le comparer aux États-Unis d’Amérique, où l’on a recensé 26 767 229 cas et 452 279 décès. Malgré le nouvel espoir et le début des vaccinations, les statistiques antérieures ne sont pas statiques et ne sont pas vouées à diminuer rapidement.
Le succès du Cambodge peut être attribué à la réaction rapide du gouvernement et à l’introduction de mesures de santé publique, notamment le contrôle des frontières et la quarantaine obligatoire de 14 jours pour les passagers entrants, suivie du test COVID-19. Le 17 mars 2020, le Cambodge interdit les entrées de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et des États-Unis. Le 20 mars, les frontières du Cambodge avec son voisin le Vietnam ont été fermées, puis sa frontière avec la Thaïlande a été fermée le 23 du même mois. Le 28 mars, des restrictions de voyage ont été imposées pour entrer au Cambodge, mesures qui sont toujours en vigueur. En l’espace d’un mois, le régime ingénieux mais strict du Cambodge a assuré une série d’absence de nouveaux cas, et un risque limité de transmission à la communauté locale.
La pandémie de COVID-19 a eu un immense impact non seulement sur le système de santé, mais aussi sur l’économie de chaque pays. Les emplois dans le secteur privé (voir notre article sur les indemnités de licenciement économique ) et le tourisme ont disparu du jour au lendemain et des milliers de travailleurs migrants se sont empressés de rentrer chez eux. En 2019, le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (UNDESA) a indiqué que plus de 700 000 Cambodgiens travaillaient à l’étranger, principalement dans l’État voisin de Thaïlande. Ces statistiques font du Cambodge un pays d’origine assez important pour les migrants. Cependant, la pandémie a réduit les opportunités économiques pour les migrants cambodgiens. En juin 2020, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rapporté que plus de 90 000 migrants cambodgiens étaient rentrés de Thaïlande. Ces passages de frontière sont routiniers et en avril, ils étaient estimés à environ 2 000 par jour, mais réduits à environ 200 par jour en mai. Ces statistiques sont uniquement basées sur les migrants cambodgiens qui reviennent de Thaïlande ; en incluant les retours de Malaisie, du Japon et de la Corée du Sud, le total estimé serait exponentiellement plus élevé.
De janvier 2020 à décembre 2020, 126 115 migrants cambodgiens sont rentrés- la majorité passant par la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Jusqu’en janvier de cette année, il y avait une vaste différence dans les mesures réglementaires pour les personnes arrivant par avion qui étaient toutes testées pour le COVID-19, et celles arrivant par la frontière terrestre qui étaient examinées pour les symptômes. Ainsi, au lieu de subir des tests, les migrants étaient soumis à un dépistage de symptômes tels que des températures élevées, puis mis en quarantaine pendant deux semaines s’ils présentaient de tels symptômes. Actuellement, tous les migrants sont tenus de se soumettre à un test de dépistage et d’être ensuite mis en quarantaine. Cependant, il existe un fossé entre la réglementation et la réalité.
Une évaluation rapide faite par l’OIM implique que seulement 30% des migrants utilisent les points de contrôle frontaliers officiels pour retourner au Cambodge, ce qui signifie que le nombre total de migrants entrants est une simple estimation. Les voies régulières cambodgiennes sont coûteuses et inaccessibles pour la plupart des migrants cambodgiens. Par conséquent, la majorité des migrants cambodgiens se rendent à l’étranger par le biais de réseaux sociaux et d’intermédiaires non agréés. Les canaux de migration susmentionnés sont d’une grande importance car le statut irrégulier de nombreux migrants cambodgiens les conduit à éviter les frontières officielles. Ainsi, le nombre de migrants de retour est plus élevé que prévu et ces migrants entrent au Cambodge sans être testés et mis en quarantaine.
Deux évaluations ont été faites par l’OIM : la première, une évaluation rapide en mai 2020 lorsque la crise a implosé et que des milliers de migrants sont rentrés ; et une autre évaluation plus importante en août 2020 pour mieux comprendre les besoins des migrants de retour. En réponse à l’enquête de mai, l’accent a été mis sur l’aide immédiate. L’OIM s’est concentrée sur les besoins primaires tels que l’eau, la nourriture et les kits d’hygiène dans les centres de quarantaine non équipés. L’OIM a également négocié et défendu les droits des migrants et a coopéré avec les hôpitaux locaux en leur fournissant des fournitures médicales et une formation pour le test COVID-19. Une ligne de communication ouverte a également été établie avec la Thaïlande, car on estime à 1,2 million le nombre de travailleurs migrants cambodgiens stationnés dans ce pays, mais le gouvernement cambodgien n’a guère pris de mesures pour les ramener chez eux. Par conséquent, la ligne de discussion ouverte est une mesure importante pour aller de l’avant, tout comme la prolongation de deux ans du permis de travail gratuit mise en place par le gouvernement thaïlandais.